Les anglophones de la région du nord-ouest du Cameroun ont appelé à un débat sur la mise en place du fédéralisme et l'abrogation de la loi sur le «terrorisme» parmi dix-huit propositions sur comment sortir de la crise actuelle qui secoue les deux régions anglophones.
Ils ont fait des propositions à la commission sur le bilinguisme et le multiculturalisme lors d'une récente réunion organisée par la commission et baptisée, une «écoute du peuple mission». 
Depuis le début de la crise en 2016, le gouvernement du Cameroun a à plusieurs reprises déclaré avec véhémence sa résistance à toute discussion sur la forme de l'Etat.
Cependant, alors que certains anglophones réclament le retour à un système de gouvernement fédéral, d'autres ont eu recours à la division du pays.les participants à la réunion ont également exprimé le désir d'une "abrogation de la loi sur le terrorisme", qui a été très controversée même depuis son adoption à la fin de 2014.
Presque tous les anglophones arrêtés sont sur la base de cette loi et du risque ou de la peine de mort. Il y avait aussi une demande pour une «amnistie générale» pour les anglophones arrêtés et pour ceux qui étaient en exil à cause de la crise.
Ils ont également dénoncé leur marginalisation, leur sentiment d'être «non aimé de leurs frères français», dont ils se prétendent victimes, en particulier dans le système éducatif et administratif.
Selon certains participants, les francophones maintiennent une «supériorité» et dénoncent aussi le chômage des jeunes, la corruption, le tribalisme et le népotisme, ainsi que «l'absence totale d'industries dans la région du Nord-Ouest».
Accusant les autorités de "l'arrogance dans la gestion de la crise", ils ont également espéré qu'il y aurait une "clarification des termes +++sécessionniste + terroristes" qui, selon eux, ont été utilisés contre les anglophones.                                                                   Le communiqué final qui sanctionne la «mission d’écoute des populations», conduite à Bamenda par la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme est riche en propositions formulées à l’endroit du gouvernement. L’une de celles-ci concerne le prédécesseur du chef de l’Etat, Paul Biya. Le document indique de fait, que les participants demandent au régime de Yaoundé «de ramener la dépouille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo dans le pays».
Une surprise a priori, si l’on analyse cette proposition relativement à sa pertinence dans l’optique de solutionner la crise anglophone. D’autant que toutes les autres propositions ont de toute évidence un lien direct avec la recherche des pistes de sortie de cette crise. 
Dans le même sens, d’autres propositions formulées à l’endroit du gouvernement suggèrent de «débattre des problèmes relatifs à l’institution du fédéralisme dans notre pays», «de faire en sorte que l’unité du pays repose sur l’équité et l’impartialité », «de veiller à ce que le patriotisme soit le mot d’ordre de tous les fonctionnaires», «d’insuffler un changement de comportement dans la gestion des affaires publiques».
En proposant donc dans ce contexte, au gouvernement d’oeuvrer au retour de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo, certes patrimoine de tous les Camerounais, l’on peut s’interroger sur les objectifs de cette demande. En effet, certains y compris dans le sérail, y voient «un calcul politique visant à attirer la sympathie des peuples du Septentrion réputés très attachés à la question du rapatriement des restes du premier président du Cameroun» toujours enfouis au cimetière Bakhiya de Yoff à Dakar depuis sa mort le 30 novembre 1989.
Quoiqu’il en soit, cette proposition va relancer le débat sur cette question en cette veille de période électorale cruciale dont la présidentielle prochaine.
Le communiqué de la Commission Musonge s’achève sur un «vibrant appel lancé au président de la République pour qu’il effectue une visite dans la région pour s’adresser à ses enfants». En attendant la réaction du chef de l’Etat à cet appel, le document rendu public par Peter Mafany Musonge précise que cette «mission d’écoute des populations» qui a travaillé à Bamenda du 30 mai au 1er juin 2018, a été suivie par plus de 800 personnes, dont 35 participants au rang desquels le leader national du Social Democratic Front (SDF), Ni John Fru Ndi, des parlementaires, des universitaires, des chefs traditionnels et des autorités religieuses.
LMN 


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